« J’ai évolué. Comme chacun. Et je voudrais qu’on le reconnaisse », disait Graeme Allwright en 2002. Ce n’est pas ici que le classique désir des artistes ayant eu leur heure de gloire de renouer avec les succès de leurs débuts: c’est bien autre chose.
On peut chanter tous les poèmes des sages
Et on peut parler de l’humilité
Mais il faut s’unir pour abolir injustice et pauvreté
Les hommes sont tous pareils
Ils ont tous le même soleil
Il faut, mes frères, préparer
Le jour de clarté
(1968)
Les poèmes des sages, pourtant, Graeme Allwright s’en est nourri. Et plus particulièrement ceux de Sri Aurobindo, dont il offrait un petit livre d’aphorismes à ses visiteurs, ouvrons-le « au hasard »: Le monde connaît trois sortes de révolutions. Les révolutions matérielles ont de puissants résultats; les révolutions morales et intellectuelles sont infiniment plus vastes dans leur horizon et plus riches dans leurs fruits; mais les révolutions spirituelles sont les grandes semailles.
Prends d’abord conscience de toi-même au dedans, puis pense et agis. Toute pensée vivante est un monde en préparation; tout acte réel est une pensée manifestée. Le monde matériel existe parce qu’une Idée se mit à jouer dans la conscience divine.
Tous ceux qui ont assisté à un concert de Graeme Allwright ont ressenti cette pensée, cette force intérieure, qui au travers des mots et des mélodies simples, et surtout de l’incomparable présence du chanteur, de son intense concentration, de sa sincérité essentielle, touchaient le public qui repartait plus heureux, plus fort, et comme chargé intérieurement d’une mission ineffable. Il ne s’agissait plus d’une révolution violente – même si Graeme concédait que le passage à un monde meilleur ne se ferait pas sans souffrances – il s’agissait d’une tension commune des consciences, de l’atteinte d’un autre plateau d’humanité, qui doivent nous permettre d’entrer en ce monde meilleur qui vient depuis le plus profond de chacun d’entre nous, après le collapsus en cours de celui-ci rongé par le matériel et le profit individuel. Aujourd’hui Graeme n’est plus sur scène pour nous donner les nécessaires injections de rappel, mais ses chansons nous circulent, portes vers cette supraconscience, énergie d’attente et de lutte sur un autre plan que celui du XXème siècle sinistrement matérialiste.
The children coming through the haze
Coming to the final phase of evolution
Man will see yes he will see. .
See what he was meant to be a revelation
We have to drink the final cup and
Then we’re going to give it up and
Submit to our destiny
We’re fighting through the final bout
We’re going to, work it out
Just the way it was planned to be…
Lumière (Graeme Allwright 1992, basé sur un texte de Sri Aurobindo)